dimanche 3 juin 2007

Texte


Parce qu'il ne s'est rien passé d'inspirant aujourd'hui au Royaume, un petit texte pour passer le temps!


Il faisait si chaud… La canicule durait depuis près de quatre semaines. Un record. Les gens étaient à cran, écrasés par la température accablante. Le patron avait été particulièrement mécontent de son travail des derniers mois et Gérard se sentait fatigué.
La journée avait été longue, éreintante et maintenant le trafic semblait ne jamais vouloir recommencer à bouger.
La chaleur était suffocante et les émanations des voitures commençaient à lui donner mal à la tête.
Jamais plus il n’avancerait.
Il était coincé sur le pont Jacques-Cartier à tout jamais.
Une éternité en enfer venait de commencer pour lui. Il était mort et payait pour ses crimes. Sa ceinture de sécurité oppressait son opulente poitrine et écrasait son estomac flasque et humide de transpiration.
La radio crachotait des inepties criées par des imbéciles hilares, s’esclaffant comme des clowns hystériques en pleine psychose.
Des gouttes de sueur lui piquaient les yeux. Ses doigts pianotaient nerveusement sur le volant.
Toute cette chaleur, toute cette inertie le rendait fou. Et les klaxons qui hurlaient sans arrêt… ces foutus klaxons…

Enfin, l’imbécile qui avait fait fermer le pont pour l’escalader avait été délogé. Délogé par les policiers ou s’était tout simplement suicidé, peu importait pour Gérard. L’important était que son enfer allait s’achever. Déjà, la circulation commençait à reprendre son cours normal. Un peu d’air commençait à rafraîchir le gros homme. Sa tension diminua d’un cran.
Il roulait…
Dans quelques quinze minutes il serait enfin de retour à la maison.

Mais son arrivée à la maison refit grimper sa pression.
Il sonna pour que Martha vienne lui ouvrir la porte.
Rien ne se produisit.
Il sonna une deuxième fois… sa femme devait être aux toilettes ou un plat sur le feu devait la retenir… toujours rien.
Fortement irrité, il sorti les clés de ses poches et débarra lui-même la porte. La chaleur dans la maison était suffocante. Une fois de plus, Martha, dans sa paranoïa d’une éventuelle pluie, avait fermé toutes les fenêtres de la maison… La température était insoutenable.
Gérard ouvrit le réfrigérateur pour prendre une bonne bière fraîche. Non seulement on n’y voyait rien parce que Martha n’avait pas changé l’ampoule défectueuse du frigo, mais en plus, il ne lui restait plus de bière ! Et son souper n’était pas prêt ! Où pouvait-elle bien être à cette heure ci ? Elle savait bien que les mercredis étaient la pire journée de la semaine et que, pour se délasser, Gérard aimait siroter sa bière en dégustant un bon repas !
Indigné, il claqua la porte de l’appareil qui, sous la force de l’impact, vibra à en faire tomber le pot de biscuits qui était caché en hauteur. Le pot en verre éclata à ses pieds. Hors de lui, Gérard saisit le réfrigérateur et se mit à le brasser, et à le brasser, toujours plus fort, toujours plus violemment…
C’est alors que Gérard eut un élancement dans le bras gauche. La douleur était lancinante et diffuse tout à la fois, s’étirant jusqu’au milieu du dos…
On se mit à sonner à la porte d’entrée. Suant sang et eau, Gérard alla ouvrir la porte. C’était Martha, Martha qui avait les bras remplis de paquets…
Martha qui arrivait à cette heure là ! Alors que le souper n’était pas prêt ! Alors qu’il n’y restait plus une seule bière au froid ! Que l’ampoule n’avait pas été changée ! Qu’avait-elle bien pu faire alors que lui passait une journée d’enfer ? Pendant que lui était resté pris plus d’une heure en pleine canicule, coincé sur ce foutu pont ?
Pris d’une rage incontrôlable, il lui arracha les paquets des mains et l’empoigna avant de la projeter contre le mur.
Il allait lui assener une leçon dont elle se souviendrait longtemps !
Il leva la main et l’abaissa avec toute sa force vers le visage stupéfait de sa femme.
Il allait la frapper. Il allait lui faire mal ! Il allait lui faire endurer ce par quoi lui était passé dans sa journée !
Et alors que sa main allait s’abattre violemment sur le visage de sa femme stupéfaite, Gérard s’affala de tout son poids, terrassé par une foudroyante crise cardiaque.

La canicule s’acheva le jour même, alors qu’une pluie bénie se mit à tomber, tôt en soirée.

2 commentaires:

moi m'aime a dit...

une vraie merveille cette histoire....... ben bon s'tie (oops)

Cyndie a dit...

je suis d'accord, tout simplement palpitante ton histoire